[RP] L'Appel.

L'Appel. (5ème Acte.)

*Ambiance Clic*

La fin d'une nuit paisible. Tanee Sombrelune et la guerrière Synd avaient marché en silence le long du Promontoire Divin. La fraîcheur, la rosée, d'un futur matin rendaient une brume épaisse dans les alentours du cimetière. Tanee regarda avec respect le mausolée qui contenait trois tombes aux grands noms gravés dans la pierre. Elle caressa doucement son Démon, puis y pénétra en silence. Elle s'agenouilla dans le plus grand des respects. Plongeant doucement dans sa transe douce et calme, elle entama ses longues et poignantes prières à Grenth. Si quelqu'un les avaient entendus, il aurait sans doute pleurer. Pour la beauté des paroles ? Non. Pour l'amour et la douceur de ses pensées ? Non. Seulement pour la plus grande cruauté, méchanceté et immondice dont Tanee faisait preuve. Le non-sentiment, la froideur, l'air glacial qui tournait autour d'elle. Comment un humain pouvait être aussi froid et insensible, exactement comme un sans-âme? Tanee était complètement plongée dans ses pensées, avant que des voix ne la perturbent.

- Qu'est ce que vous faites là ?
- Et vous ?
- J'ai posé la question la première.
- On peut jouer longtemps à ce petit jeu...

Tanee leva les yeux au ciel en soupirant, puis reprit doucement sa prière. Où en était-elle ?... Ah oui. Et pouvoir embrocher leurs têtes encore conscientes sur de longs pics de feu, et voir leurs yeux effrayés la fixer pendant que... Un bruit fit tiquer Tanee. Elle tourna la tête vers l'origine du son, et écarquilla les yeux. Une grande Charr se tenait sur la tombe d'à côté, l'ouvrant sans vergogne, et fouillant dedans. Tanee hoqueta.

- Hé, mais hé ! Qu'est ce que vous faites ?!
- Ah, et bien vous parlez maintenant... C'était pas si difficile.
- Je vois que votre civilisation n'a décidément aucun respect ni aucune manière à vous voir déranger quelqu'un dans sa prière, et déshonorer une tombe de la sorte tout ça pour me faire parler, dit Tanee d'un air arrogant.
- Je voulais vous faire parler pour vous faire partir. Mais puisque vous ne semblez pas décider à bouger...
- Dégagez de là, dit la Comtesse en retournant à sa prière.

La Charr attrapa quelque chose dans la tombe, puis partie en courant. Tanee jura entre ses dents serrées. Une vague de haine monta en elle. Comment... Comment oser pénétrer dans un mausolée, un sanctuaire de Mort et de paix, pour voler quelque chose ?! Autant insulter Grenth face à face ! Un rire perçant et agaçant fit sursauter Tanee. Encore elle...

- Tanee ! Comme je suis heureuse de vous voir !
- Qu'ai-je bien pu faire à Grenth aujourd'hui pour avoir le droit à ça...?

Tanee se redressa doucement pour faire face à Alaeria. La "belle blonde" qui se trémoussait aux pieds de son frère. Leur dernière discussion, dans la Taverne du Pichet sans Fond (RP à écrire encore, même si il a été fait.) traînait encore dans son esprit... Mais elle n'avait plus ça en tête. La veille, son frère... Son deuxième frère. L'Ainé Kazuki, était revenu d'on ne sait où pour lui faire des révélations des plus marquantes. (RP à écrire aussi.). Cela l'avait perturbé... D'autant qu'elle avait prit l'avis de son frère, malgré le désaccord de Souripyxn. Pour une fois, la Sylvari ne l'accompagnait pas. Heureusement, Synd était près d'elle. Tanee ne suivait que très peu la discussion entre Alaeria et Synd... La tête ailleurs.

- Au fait... Qu'est ce que ce Charr a bien pu prendre ?
- Je dirais... La seule chose qu'il y a à volé dans une tombe de cette qualité, c'est la Relique bénie par Grenth, pour assurer le voyage aux Morts.
- Je me disais aussi...
- Mais voler cette Relique n'aurait pour effet que de se faire maudire par la propre main de Grenth, et d'en mourir douloureusement. Ce qui m'est égal si ça tombe sur une créature sans bonne manière.
- Et si ça tombait sur un peuple...?

Tanee avait apprit à faire confiance aux dires de Synd. Surtout depuis les mots de Kazuki... Et même, depuis la vision qu'elle avait eut, au bord du lac. (RP à écrire aussi, dis donc, ça commence à en faire!). La discussion commença à être houleuse entre Alaeria et Synd. Tanee ne fgaisait qu'agir comme un automate, répondant aux phrases sans vraiment y penser. Tout ce qu'elle avait entendu, c'est qu'Alaeria trouvait les jugements trop hâtifs. Tanee émit un rire ironique, intérieurement. D'un coup, une boule de métal cliqueta à leurs pieds, et une lueur aveuglante explosa dans le mausolée. Tanee avait immédiatement détourner les yeux, voyant du coin de l'oeil, la Charr s'en aller en courant comme une lâche. Synd hurla qu'il fallait la suivre, et tout le monde courut à sa poursuite. Tanee jura intérieurement. Fallait-il vraiment courir après cette bête stupide ? D'ailleurs, pourquoi cette Charr les avait-elle attaquées ?! Il fallait être fou pour s'attaquer à l'Ordre. Surtout trois Lunaires réunis. Ils coururent peu de temps, avant d'encercler la Charr. Tanee était essoufflée. Courir, ce n'était pas vraiment dans ces habitudes. En regardant le sale visage de la créature, elle eut un haut-le-coeur de haine qui la secoua. La discussion alla bon train. Alaeria empêcha Synd de s'énerver. La Charr se défendit en disant qu'elle créait des potions... Alaeria trouvait ça fascinant. Tanee jeta un regard discret, mais très noir à Alaeria. C'est sûr, se moquer d'un Dieu, c'était passionnant.

- Croyez-moi que l'affront que vous avez fait à Grenth, votre destin va en souffrir tout le long de votre vie, si toute fois, elle est aussi longue.
Tanee commença à s'éloigner.
- Si Grenth voulait vraiment me faire du mal, je crois qu'il aurait déjà fait. Il ne peut rien me faire.
- Je vous prouverais que Grenth viendra vous faucher plus tôt que vous ne le croyez.

Même si Tanee affichait un air monstrueusement froid, en elle bouillonnait une rage totalement incontrôlée. Elle marcha très vite le long du Chemin de Grenth. Comment cette chose avait-elle osé parler comme ça de son Dieu ?! Se moquer librement, dire à haute voix que Grenth était un incapable, un impuissant, seulement un nom ?! Par son insulte envers Grenth, la Charr avait aussi profondément insulter Tanee. Tanee qui avait passé 12 ans de prière continue à ce Dieu dont elle était terriblement proche dorénavant. L'Elue de Grenth... C'est ce que lui avait dit Kazuki. Alors, si c'était une réalité, la suite s'imposait. C'était à Tanee de faire respecter le nom de Grenth. Comment cette boule de poils mal coiffés avaient pu une minute penser qu'insulter et rabaisser une telle puissance n'aurait pas de conséquence ?!
Tanee monta rageusement sur le haut-mur, et regarda la ville, très loin en bas. Sa rage la faisait trembler. Elle serrait tellement les dents que ces dernières craquaient de manière audible. Est-ce que le monde se moquait d'elle ? Elle se rappela des paroles de Rei, rassurantes et chaudes. Des paroles de Kazuki, froides et coupantes, mais réelles. Que fallait-il penser ? Tanee sentit ses jambes se dérober sous elle, et elle tomba à genoux juste au bord du mur. Elle fut secouée de soubresaut, et se mit à pleurer violemment, mais dans un silence parfait. Ses joues se trempèrent, la colère et l'incompréhension teintaient ses veines d'une couleur sombre, et ses yeux d'une lueur rougeoyante. Elle commençait à perdre le contrôle... Une voix la fit sursauter, elle s'essuya rapidement et discrètement le visage, redescendant d'un coup sur terre.

- Tanee... Il faut que je vous parle. Ce Charr...
- Cette chose ne mérite que de mourir ! Comment ce Charr a pu poser cet air hautain et arrogant sur son sale visage en parlant de Grenth ?! Comment a-t-elle pu déshonorer, insulter, mettre en DOUTE tout ce qu'il existe sur mon Dieu ?! Je vous jure que si je la croise, je lui sauterais au cou pour l'égorger de la manière la plus douloureuse au monde!
Tanee s'énerva visiblement, ce qui était fort rare.
- Calmez-vous... J'avais quelque chose à vous dire...
- Oui... Synd, oui, je vous écoute.
- J'ai... Encore eu une vision.
- Racontez moi...
- La menace n'est pas seule. Zaithan n'est pas seul.
- ... Ça va encore plus corser les affaires.
- Effectivement.
- Notre ère se fait de plus en plus sombre...
Tanee ferma les yeux. Beaucoup de choses se bousculaient dans sa tête.
- Oh, au fait... Je... m'appelle Nathaniel.
Tanee fut surprise. Elle émit un léger sourire à l'intention de Synd.
- Enchantée Nathaniel... Je vous remercie de votre présence.
- Je vous en prie...
Nathaniel lui rendit un léger sourire.
- Nous devrions rejoindre les deux autres.
- Vous êtes vraiment sûre? Je n'ai aucune envie de revoir ce Charr, si ce n'est pas pour la tuer.
- Je suis sûre que ce Charr est liée à mes dernières visions.
- ... Très bien... Je vous fais confiance...

Tanee se laissa emporter à contre coeur. Dès qu'elle repensait à ce visage poilu, une violente envie de tuer l'attrapait à la gorge. Nathaniel et Tanee descendirent le Chemin, arrivant à la fontaine où elles avaient encerclée le Charr. Tanee poussa un soupir soulagé en ne voyant personne. Elle se tourna vers Nathaniel, lui faisant part de sa très grande réticence à revoir la bestiole hérétique. Alors qu'elles discutaient, Tanee entendit la voix haut-perchée d'Alaeria.

- TANEE !!!
Tanee recula de quelques pas. Elle faisait tous les efforts du monde pour ne pas regarder le Charr.
- Ce n'est pas le Charr qui a volé la relique, dit Alaeria en s'approchant de Nathaniel, peut-être est-ce vous !
- C'est hors de question.
- Vous en êtes vraiment sûre ? Si ce n'est pas vous, qui est-ce alors ?! ...
Alaeria s'approcha doucement de Tanee.
- Tanee...
La Comtesse plongea ses yeux dorés dans ceux d'Alaeria
- Croyez-vous vraiment que j'irais déshonorer mon Dieu après l'avoir fidèlement prié durant 12 années ?
- Je ne sais pas...
- Si vous osez douter de moi, je n'ai pas ma place devant vous.
Tanee porta la main à son insigne d'ODEL, accroché à son col. Elle était prête à l'arracher si Alaeria l'accusait encore une fois. A quoi bon rester dans un Ordre qu'elle avait elle-même créé avec ses frères, pour se faire insulter à la moindre occasion ? Ces personnes ne comprenaient donc pas l'importance de cet Ordre, pour le monde et pour elle ?!
Alaeria changea de cible.
- Mais alors... Qui est-ce ? En tout cas, ce n'est pas le Charr.
La discussion devint un peu houleuse. Nathaniel semblait discuter avec le Charr... Tanee en profita pour s'approcher d'Alaeria, lui murmurant à l'oreille.
- Promettez-moi de ne plus jamais m'approcher si vous êtes accompagnée de cette créature.
Alaeria lui lança un regard éperdue de tristesse et de déception.
- Mais elle s'est excusé auprès de notre Dieu ! Elle s'est même agenouillée face à son hôtel !
- Parce que vous croyez qu'il suffit de s'agenouiller aussi facilement pour se faire pardonner de Grenth ?

Tanee bouillonnait. Elle essayait de cacher au mieux les ressentis violents qu'elle éprouvait. Mais Alaeria enfonçait chaque fois un pieu de douleur dans le coeur de la Comtesse. Tanee fut extrêmement déçue. Ce qu'elle avait cru construire avec ces frères n'étaient qu'un repères pour personne de coeur, et pas une fière assemblée de guerriers, d'Elus, prêts à se battre contre la Menace. Tout ce qui s'étalait devant ses yeux, c'était la stupide compassion des humains pour des créatures qui autrefois nous avais tous tués. Tanee arracha d'un geste son insigne et la tendit à Alaeria, qui la prit en totale incompréhension.

- Puisque cette créature a toutes vos voies et votre compassion, et que je ne récolte que votre non-vouloir, alors, vous savez ce que vous avez à faire.
- Tanee, ne faites pas l'enfant...
- Oui, je sais ce que j'ai à faire. Parler à votre frère, dit Alaeria en regardant Tanee dans les yeux.
- Allez-y, dit la Comtesse en soutenant le regard de la blonde.
- Très bien. J'irais tout lui dire, soyez en certaine...
Alaeria commença à s'en aller, dans une sortie fort trop théâtrale.
- C'est ça, courrez aux pieds de mon frère, avec votre air pompeusement condescendant, mais ne le gardez pas trop, il laisse un goût amer dans votre bouche.

Alaeria s'en fut. Tanee serrait tellement les poings que ses ongles avaient pénétré sa chair. Quelques gouttes de sang tombèrent sur le sol. Nathaniel se tourna vers Tanee.

- Ne quittez pas l'Ordre sur un coup de tête...
- Kazuki avait tort... Je ne suis pas faites pour en faire partie, je ne suis pas comme vous.
- Oui, vous n'êtes pas comme nous, certes, mais... Vous avez une utilité que vous ne soupçonnez pas.
- Je ne veux pas être seulement utile. Je voulais seulement... Être quelqu'un.
- Vous êtes quelqu'un.
- "Quelque chose", serait mieux... Quand je vous vois tous armés de sentiments, je me dis que mes frères se sont bien trompés. Qui pourrait me faire confiance ? Je ne suis pas quelqu'un de bien.
Nathaniel lui tendit la main en la fixant.
- Ça devrait répondre à votre question.
- ...
Tanee attrapa doucement la main de Nathaniel.
- Merci... Nathaniel. Merci...

Le contact de la peau de Nathaniel sous ses doigts... Toutes les irrégularités de sa peau, la chaleur de son sang dans ses veines, la lenteur et le calme de son pouls sous les doigts de la Comtesse... Tanee sentit son esprit se perdre. Une violente envie d'attraper le visage de Nathaniel et de lui offrir le plus sauvage et sensuel des baisers remonta le long de son corps. Elle balbutia une excuse, pour se séparer vite de Nathaniel, se bordant de son drap d'ombre et courant comme une folle à travers la ville. Courant jusqu'à avoir mal, jusqu'à sentir son sang devenir magma dans ses veines, jusqu'à entendre son pouls cogner violemment dans ses tempes. Jusqu'à ne plus sentir ses poumons, jusqu'à ce que sa respiration s'arrête presque. Elle commença à pleurer, à sangloter furieusement en courant se mettre à l'abri du soleil. Elle était paniquée. Tout se bousculait dans sa tête, elle n'en pouvait plus. Elle se faufila dans un coin sombre, à l'abri des regards. Comme une petite souris apeurée dans son trou. Elle tremblait. Elle ne savait plus quoi faire ; Sa raison de vivre, l'Ordre, était-ce là un immense mensonge ? Pourquoi sentait-elle qu'elle n'avait pas sa place ? Une envie de tuer borda ses lèvres. Tout le monde méritait de mourir. Dans le plus grand des calmes et des froids, dans l'étreinte cruelle et sombre de Grenth. Tout le monde méritait de mourir. Elle pleurait toujours plus violemment. Le jour était là, levé, clair et beau comme tout... Mais la panique du jour la reprit. Sa respiration s'en alla, elle se perdit dans son esprit. Le jour allait l'agresser. Tout le monde pouvait la voir. Tout le monde pouvait l'approcher. Elle n'était pas en sécurité. Un grand vent de panique serra fortement sa gorge. Dans des gestes maladroits, elle attrapa une pierre noire, celle que Kazuki lui avait donnée, dans ce regard tendre... Elle la serra très fort contre son coeur, entre ses mains, et réussit à murmurer quelques paroles entrecoupées de sanglots.

- Kazuki, protège moi... Je t'en supplie, viens... Kazuki, Kazuki... Kazuki...